Peu d’auteurs ont osé déplier les recoins de leur vie avec autant de précision que Karl Ove Knausgaard. Dans le quatrième tome de son autobiographie en six volets, l’auteur scandinave revient sur son adolescence et ses premières années d’instituteur dans un petit village de pêcheurs au nord de la Norvège. Bravant la banalité du quotidien, Knausgaard s’acharne à restituer au lecteur ses gestes, ses pensées et ses paroles en suivant le fil parfois emmêlé de sa mémoire. Si le projet peut sembler rébarbatif et terriblement narcissique, il faut reconnaître qu’on change vite d’avis tant la lecture est addictive. Peu soucieux de dorer son image, le narrateur nous dresse le portrait attachant d’une jeune homme incertain torturé par ses obsessions et par la figure d’un père imprévisible. Véritable succès d’édition en Norvège et dans les pays anglo-saxons, cette entreprise titanesque tend un miroir compatissant à nos propres errances d’être humain menacé par la honte et le sentiment de déchéance.
Si on a aimé : ou si on se sent un peu dépassé par ces 600 pages, on plonge avec délice dans Mon père, ma mère et Sheila (d’Eric Romand, éd. Stock) qui conte les souvenirs doux-amers d’une enfant dans les années 70.
Aux confins du monde, Karl Ove Knausgaard, 656 P., éd. Denoël.
publié dans le magazine GAËL 09/2017