Deux romans totalement désopilants pour ricaner tout seul en oubliant le froid et la cuisson de la dinde...
RIRE ET CHÂTIMENT
En dépit de ses cent quatre vingt dix-huit ronds-points, New-York (Colorado) est une ville où l’on lutte quotidiennement contre l’ennui. Privés de réseau internet et de crime (la seule infraction recensée est le non-respect du feu de signalisation), les employés du commissariat ont fondé des clubs d’activité et un partenariat avec un fabricant de donuts au chocolat. Agatha Crispies, jeune inspectrice ambitieuse originaire de Brooklyn, attend quant à elle désespérément l’occasion de faire ses preuves pour reprendre sa carrière à New-York (l’autre) et son combat acharné contre la délinquance. Appelée sur les lieux d’un crime odieux (un homme retrouvé dans sa baignoire à l’état de steak haché), la policière afro-américaine jubile. Convaincue de l’efficacité de sa méthode d’enquête basée sur les références littéraires et l’association libre de mots, elle traque le coupable tout en recrutant de nouveaux amateurs pour le club de lecture qu’elle dirige. On adore la loufoquerie et la bonne humeur de ce pastiche de polar qui rend hommage à chaque page aux grands classiques de la littérature.
Le truc en plus : les raisonnements déjantés d’Agatha Crispies nous donnent la possibilité de croiser des auteurs dans des endroits improbables ou de réviser, ni vu ni connu, nos connaissances sur les incontournables que sont Joyce, Tolstoï ou Flaubert.
Tout un été sans Facebook, Romain Puértolas, 380 P., éd. La Dilettante.
L’APPEL DE LA MER
Malgré de brillantes études universitaires en « scribouillard et sémiotique », Bogart court toujours derrière les petits boulots. C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme qu’il accepte le poste de gardien de phare que lui propose l’Office d’accommodation des vieux diplômes, une agence pour l’emploi aux méthodes étonnantes et aux sympathiques secrétaires (il est tombé amoureux de l’une d’entre elles). Il faut dire que l’annonce par les spécialistes de l’arrivée prochaine de la mer dans la petite ville où il habite représente un espoir sans précédent pour tous les « universiteux » au chômage de son espèce. Installé dans son nouveau logement de fonction que sa fiancée a meublé en s’inspirant du catalogue de « Tout en Suédois », Bogart observe les grands bouleversements qui l’entourent. Une fable déjantée et poétique à la Boris Vian qui traque avec légèreté les travers de notre société.
Le truc en plus : l’auteur a glissé dans son texte quelques trouvailles désopilantes : une machine à fabriquer des rondelles qui ne servent à rien, un mode de transport original fonctionnant au gré des manifs, une sortie sans achat impudique et punitive, une zone kiss & ride aux effets surprenants…
La station balnéaire qui attendait la mer, Bertrand Menut, 195 P., éd. Paul & Micke
publié dans le magazine GAËL 08/2017