Les illusions et les désillusions de cette nouvelle génération d’Américains qui rêvent de troquer leurs smartphones contre une salopette et un champ de quinoa.
Utopie et radis
Damon et Amy ont quitté leurs amis et leur boulot à Los Angeles pour se recentrer sur l’essentiel : la nature. Conscients qu’ils ne pourront plus revenir en arrière, les deux trentenaires misent tout sur leur intégration chez « Rain Dragon », une ferme modèle à l’organisation innovante. Un roman très contemporain dans lequel on s’initie aussi bien à l’apiculture qu’aux subtilités du coaching alternatif d’entreprise. Jon Raymond transforme la reconversion de ses deux héros en quête universelle grâce à une fine analyse des ressorts du sentiment amoureux et à une réflexion sur la possibilité de changer les règles d’un monde en mouvement.
Pour qui ? Notre meilleure amie qui ambitionne de révolutionner le management de sa boîte et/ou notre voisin du dessus qui cultive un potager miniature sur sa fenêtre.
La vie idéale, Jon Raymond, 336 P., éd. Albin-Michel.
Volontariat et rutabaga
Loin des étoiles d’Hollywood ou des dollars de Wall Street, l’Irlandaise Paula McGrath nous reconnecte avec l’ADN de l’Amérique en choisissant une ferme de l’Illinois comme cadre principal de son premier roman. Sous sa plume agile, l’Amérique redevient une terre d’accueil, un territoire de grands espaces et de conquêtes, mais aussi un carrefour d’ambitions cachées et d’espoirs déçus. Apparaissent et disparaissent un vieux travailleur mexicain, une professeure de piano obèse, un jeune exilé irlandais, une citadine en quête d’une nouvelle vie, un agriculteur opportuniste… On y découvre le WWOOFing, un concept créé en 1971 par une fermière anglaise qui consiste à accueillir des volontaires dans des exploitations agricoles bio en échange du gîte et du couvert.
Pour quoi ? Pour apprendre à ne pas se laisser aveugler par sa bonne volonté.
Génération, Paula McGrath, 240 P., éd. Quai Voltaire.
Cabane et vague à l’âme
Vivre au milieu de la nature dans un petit cottage en bois est certainement le rêve de beaucoup d’entre nous. C’était celui de Rebecca Winter avant qu’elle ne passe la nuit dans une cabane décrépie louée sur internet. L’intérieur est sinistre, le lit est bancal, les bruits sont effrayants, la salle de bain inexistante. Le problème c’est que la nouvelle vie de Rebecca est ici. Malgré un succès en tant que photographe trente ans plus tôt, cette sexagénaire divorcée n’a plus les moyens de vivre dans le bel appartement new-yorkais qu’elle s’était achetée et qu’elle a mis en location pour subvenir à ses besoins, ceux de ses parents et de son fils Ben. Décidée à surmonter les contraintes de cette existence inconnue, Rebecca tente de nouer de nouvelles amitiés et arpente les bois pour trouver l’inspiration qui lui rendra sa gloire passée. Un roman sur la renaissance difficile mais touchante d’une femme de 60 ans encore séduisante physiquement et intellectuellement.
On l’ouvre quand ? Lorsque l’on revient d’un chouette weekend à la campagne et que l’on voudrait tout abandonner pour ramasser des champignons et peindre des nuages.
Nature morte aux miettes de pain, Anna Kuindlen, 287 P., Ed. Belfond.
publiés dans le magazine GAËL www.gael.be
"C'est en pleine ville qu'on écrit les plus belles pages sur la campagne.”
Jules Renard/ Journal 1887-1892