Trois incarnations du talent avec ses gloires et ses déboires, vues sous le prisme du cercle familial.
Belle et rebelle
Véritable déclaration d’amour posthume à une mère omniprésente et exubérante, les mots de Nathalie Rykiel, parfois tendres, parfois cocasses, interpellent notre besoin d’être à la fois guidée et aimée. Dans ce court récit écrit avec une grâce inouïe, on se glisse avec délice dans les coulisses de la vie parisienne et de la mode, on rit des facéties de leur duo, on s’étonne de leurs audaces et on applaudit pour ces 60 ans de complicité et de créativité contre vents et marées. Qui a dit qu’il fallait couper le cordon ombilical ?
Ecoute-moi bien, Nathalie Rykiel 157 P., éd. Le Livre de Poche.
Pince sans rire
Il était malgré lui le « frère préféré » et possédait un sens de l’humour aigu que les insatisfactions de la vie ne lui avaient pas retiré. Daniel Pennac fait revivre simultanément son frère disparu et Bartleby, le héros de la nouvelle de Melville, dans un texte d’une profonde mélancolie mettant en scène le renoncement progressif de deux êtres frappés par la vanité de l’existence. On y voit en filigrane, les propres vacillements et les doutes grandissants d’un auteur à succès porté jusqu’ici par le double désir de vivre et d’écrire.
Mon frère, Daniel Pennac, version audio lue par l'auteur, « Ecoutez lire », 2h30, éd. Gallimard
Obstiné
Dans la famille Brontë, je demande l’aîné. Seul garçon au milieu de ses talentueuses sœurs (3 d’entre elles ont publié des romans), Branwell ne manquait pas non plus d’inventivité dans l’écriture. Le problème c’est qu’aucun de ses dons artistiques n’a jamais été validé. Isolé dans le presbytère familial, le jeune-homme harcèle les éditeurs, puis entreprend une carrière de peintre vite abandonnée, se résout à devenir précepteur, puis chef de gare, mais finit toujours par se faire renvoyer. Un être inadapté ? Une sensibilité exagérée ? Un tempérament alcoolisé ? La grande romancière anglaise, Daphné du Maurier, s’est penchée sur le double inquiétant de l’écrivain raté dans cette biographie qui éclaire la part ignorée du mythe Brontë.
Le monde infernal de Branwell Brontë, Daphné du Maurier, 352 P., éd. Petit Quai Voltaire.
publié dans le magazine GAËL (08/2018) www.gael.be
"Il me manque comme personne mais je ne sais pas qui j’ai perdu. J’ai perdu le bonheur de sa compagnie, la gratuité de son affection, la sérénité de ses jugements, la complicité de son humour, la paix. J’ai perdu ce qui restait de la douceur du monde".
Mon frère, Daniel Pennac