En cette rentrée, deux romans qui nous prouvent que la littérature, c’est aussi des litres et des ratures.
Disparition
Que peuvent les livres contre la fuite du temps ? C’est la question qui sous-tend ce récit familial hanté par la figure d’un père enfermé dans sa bibliothèque et obstiné à écrire le roman de sa vie. Revenu dans son village natal à cause du déclin de sa mère, Henry Aster s’est installé avec femme et enfants dans une maison de verre à l’architecture gothique et à l’atmosphère maléfique pour se consacrer à la littérature. Fasciné par cette figure paternelle à la fois terrifiante et stimulante, son fils assiste au naufrage d’une ambition littéraire démesurée stimulée par les insomnies, l’alcool et une profonde dépression. Le jour où le père disparaît en emportant son manuscrit, le jeune narrateur a encore une mère pour l’aimer, une sœur à protéger, des montagnes de livres à lire et tout une vie à construire. Et pourtant, rien ne sera jamais plus comme avant. On se laisse facilement gagner par la mélancolie et le mystère qui tissent l’atmosphère de ce premier roman au souffle puissant.
Les jours de silence, Philippe Lewis, 432 P., éd. Belfond.
Tergiversations
Un écrivain perdu entre deux livres, son dernier dont il cherche désespérément un exemplaire, et le suivant qu’il ne parvient pas à écrire faute de sujet convaincant, essaye de se reconnecter aux nécessités de la réalité. A court d’argent mais jamais d’amour, on se passionne pour les boires et les déboires de ce romancier qui fait trébucher avec lui la statue de l’écrivain consacré capable d’analyser ses sentiments et la société dont il est censé s’inspirer. Un roman hilarant pour oublier tout ce qu’il y a de sérieux dans une rentrée.
Reviens, Samuel Benchetrit, 252 P., éd. Grasset.
publié dans le magazine GAËL (09/2018) www.gael.be
"Je n'avais jamais été détendu devant une caméra. Les rares fois où l'on m'avait invité à la télévision pour parler de mes livres, j'avais réussi l’exploit de ne pas donner envie de lire les miens mais aussi de ne plus donner envie de lire de livres du tout."
Reviens, Samuel Benchetrit