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Photo du rédacteurPaloma de Boismorel

Parlez-vous bobo?


Ils ont entre 25 et 45 ans, ils habitent Bruxelles, Londres ou Paris, ils ont des valeurs et des vélos, ils sont chiants mais attachants. Ils mangent bio mais la vie ne leur fait pas de cadeaux. Bienvenue chez les bobos.

SPÉCIAL FORMAT POCHE

Une jeunesse en quête de passé

Que fait-on du passé quand le présent nous occupe à plein temps ? A la mort de leur grand-père, Hortense, Lucile et Alexandre quittent Paris en coup de vent pour rendre un dernier hommage au patriarche, un industriel qui a mis sa vie et ses valeurs bourgeoises au service de l’entreprise familiale. Pour Jean-Michel, leur père, il est temps de tourner la page et de revendre la propriété de famille dénuée de confort et encombrée de souvenirs poussiéreux. Une décision qui révolte ses trois enfants, de jeunes actifs dont les profils et les aspirations diffèrent mais dont les attaches sentimentales sont plus complexes qu’il n’y paraît. Un roman puissant qui brasse les valeurs et les contradictions à l’œuvre dans la définition des générations.

La phrase qui nous parle : "Le problème de ses enfants et des gens de la génération de ses enfants, c’est qu’ils étaient malheureux de n’avoir pas suffisamment souffert. Alors, ils se créaient des contraintes. Il n’y avait qu’à voir Alexandre qui avait demandé à passer son lycée dans un pensionnat de curés, et se laissait séduire par des pensées rétrogrades. En d’autres termes, ils ne supportaient pas que leur vie soit agréable. Paradoxalement, la moindre contrariété les bouleversait durablement. "

LES VISAGES PÂLES, SOLANGE BIED-CHARRETON, 384 P., ED. LE LIVRE DE POCHE.

Une jeunesse en quête de futur

Jeunesse ne rime pas longtemps avec promesse pour la poétesse, dramaturge et star du hip-hop, Kate Tempest, qui signe à 32 ans un premier roman incandescent sur les rêves avortés de sa génération. L’artiste anglaise nous plonge dans le bain bouillonnant de la vie londonienne à travers les itinéraires croisés d’une poignée de jeunes adultes en prise avec leurs désillusions. Oscillant entre idéalisme, pragmatisme et cynisme, ses personnages semblent déjà usés par un monde dans lequel ils surnagent à la marge. Becky enterre peu à peu ses ambitions de danseuse professionnelle en jouant les masseuses et les serveuses pour payer son loyer, Harry se perd dans les dédales de la nuit pour dealer de la drogue et réaliser son projet de foyer communautaire, Pete essuie sa fierté au paillasson de l’agence pour l’emploi qui lui fait enchaîner les petits boulots. Tour à tour lyrique et réaliste, l’écriture rythmée de la rappeuse piétine toutes les chimères de notre temps.

La phrase qui nous parle : "C’est ça le truc. Ça arrange le gouvernement, pas vrai, si tout le monde est fauché et malheureux et si on a l’impression qu’on arrive même pas à décrocher une seule journée de taf. Si on peut pas tirer de fierté de ce qu’on produit de nos propres mains. Comment on pourrait se soulever, foutre le feu au système ? "

ÉCOUTE LA VILLE TOMBER, KATE TEMPEST, 400 P., ED. RIVAGE POCHE.

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