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Photo du rédacteurPaloma de Boismorel

Comment survivre aux ennuis ?

Si on s’en tenait aux photos publiées sur Instagram, on pourrait finir par croire que la vie est facile et que le bonheur s’achète en kit. Heureusement, auteurs et personnages sont là pour rétablir de la vérité: chacun cache sous son masque une poignées de névroses avec lesquelles il se bat et compose tant bien que mal.


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FUIR L’ORDINAIRE

Le pitch : Qu’est-ce qu’il se passe quand il ne se passe rien ? Sur le point d’accoucher de son premier enfant, la journaliste et philosophe française Adèle Van Reeth se lance dans une drôle d’enquête. Les faits ? Le vertige et le dégoût qui la saisissent dans les moments les plus anodins de son existence. Les témoins ? Les auteurs qu’elle aime et qui, comme elle, ont osé regarder le réel en face. L’accusée ? La vie ordinaire, celle qui s’écoule malgré nous et dont l’ennui finit toujours par nous rattraper.

Pourquoi ça nous parle ? En s’écartant des grandes théories et en acceptant d’interroger son rapport concret au monde jusqu’à l’intimité, l’autrice réussit à faire entrer dans le champ philosophique les expériences fondamentales mais longtemps ignorées que sont la grossesse et l’accouchement. Le résultat est surprenant, captivant et parfois touchant.

LA VIE ORDINAIRE, ADELE VAN REETH, 190 P., ÉD. GALLIMARD.



PROCRASTINER

Le pitch : En attendant le rôle de sa vie, Alain, comédien sans succès, mange des conserves, dresse une liste de noms de poneys et va visiter tous les dimanches sa grand-mère aux Magnolias où il tente de la distraire du néant jusqu’au jour où celle-ci lui demande de l’aider à mourir.

Pourquoi ça nous plaît ? Si tout ceci pourrait paraître furieusement déprimant, le jeune romancier réussit à rendre les aventures de son anti-héros aussi hilarantes que touchantes grâce à un sens aigu du rythme et de la formule. Un texte parfois cru, parfois lyrique, qui aborde des sujets aussi terrifiants que la vieillesse, la malbouffe, la prostitution, l’ennui, les aires d’autoroutes et les jeux télévisés sans jamais tomber dans le cliché. Difficile de résister à cette drôle de poésie de la loose et de la débrouille.

LES MAGNOLIAS, FLORENT OISEAU, 220 P., ÉD ALLARY.


ANGOISSER

Le pitch : Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans la vie de Quinn. La librairie dans laquelle elle travaille est sur le point de fermer, elle se nourrit de burritos surgelés, accumule les dettes et sa vie sociale se résume à la fréquentation d’un bar et d’un frère aussi maniaque qu’elle. Outre ses nombreuses obsessions concernant la nourriture et le sang, Quinn est hypersensible aux sons dont elle perçoit les couleurs. Envahie par des flots de souvenirs plus que dérangeants, cette trentenaire à la dérive ne se console pas de la double perte de sa sœur cadette et de son ancien amour de lycée. L’un des deux est parti à jamais, l’autre vient juste de revenir…

Pourquoi il faut le lire ? Malgré son absence absolue de glamour et quelques passages âpres à lire, ce roman aux courts chapitres est addictif tant les personnages sont à la fois excentriques et attachants. Remarquée en 2018 avec une dystopie féministe intitulée Les Heures rouges, Leni Zumas est l’une des étoiles montantes de la littérature US.

LA COULEUR DU TROIS, LENI ZUMAS, 352P., ÉD. PRESSE DE LA CITÉ.

Publié dans le magazine GAËL www.gael.be

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