L'avantage du deuxième confinement, c'est qu'on connaît déjà bien le principe. Remplacer nos passe-temps habituels par des activités inhabituelles, on sait faire. Plutôt que de retrouver des amis pour un apéro en terrasse, on prépare un cocktail à boire devant son écran. Plutôt que de se retrouver les uns chez les autres, on va faire un tour au parc. Alors plutôt que d’aller voir une expo, pourquoi ne pas lire des livres qui parlent d’art ? D’autant que Jessie Burton et Donna Tartt nous assurent plusieurs heures de lecture captivante avec leurs best-sellers, Les filles au lion et Le chardonneret. Si ces livres ne sont pas nés de la dernière pluie (ok, je vous parle de livres publiés en 2014 et 2018), ils sont de délectables tourne-pages à savourer pendant les longues soirées d’automne qui s’annoncent.
Une œuvre d’art peut révéler de terribles secrets
Le deuxième roman de Jessie Burton est né du contrat qu’elle avait avec son éditeur. Suite au succès du premier, Le Miniaturiste, l’anticipation du public et la pression qu’elle a dû ressentir devaient être écrasantes. Et pourtant, elle relève le défi du deuxième roman, qui a presque atteint les mêmes ventes que le premier. L’histoire relie deux époques qui semblent n’avoir aucun lien : l’Andalousie des années 1930 où la révolution gronde, et le Londres des années 1960 où Odelle Bastien, une jeune trinidadienne, tente de faire sa place dans une galerie d’art. Une peintre ayant trouvé son inspiration dans les tumultes espagnols reste méconnue jusqu’à ce que l’une de ses œuvres réapparaisse des années plus tard, auréolée de mystère.
Le suspense est bien présent dans ce livre, mais les thématiques latentes nous gardent tout autant en haleine : les secrets de famille et leurs conséquences sur les générations suivantes, le rôle de l’Histoire dans les destins individuels, ou la place de l’art dans le domaine public... Des questions fondamentales abordées en toute subtilité à travers le quotidien des personnages.
Jessie Burton, Les filles au lion, Folio, 496 p.
Quand un tableau définit la vie de son propriétaire
Voilà, je vous le dis tout de suite, vous ne pourrez pas dire que je vous cache des choses: le livre dont je m’apprête à vous parler est composé de presque 800 pages. Un pavé, je le reconnais. Mais si vous recherchez ce sentiment de ne plus vouloir arrêter de lire, cette envie de tout envoyer balai pour rester plongé dans l’univers d’un bouquin – alors vous avez trouvé votre compagnon de confinement. Le chardonneret est le tableau d’un maître hollandais représentant un oiseau lumineux et mystérieux.
Ce tableau se retrouve, pour des raisons que je tairai ici, en la possession de Theodore Decker, un adolescent de treize ans. Sa vie, cependant, ne tournera plus qu’autour de cette œuvre, qui l’emmènera dans une épopée incroyable. Depuis l’Upper East Side de Manhattan jusqu’au bas-fonds des bars amstellodamois, on ne sait plus si c’est Theo qui poursuit le tableau ou l’inverse.
Donna Tartt écrit chacun de ses romans en à peu près dix ans, en y travaillant chaque jour, et en effaçant parfois ce qu’elle a écrit pendant de nombreux mois. La précision des décors, la finesse psychologique, la complexité des personnages créent un monde fascinant.
Donna Tartt, Le chardonneret, Plon, 800 p.
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