Ce n’est pas parce que nous sommes confinés qu’il faut rétrécir notre horizon. Continuons sans risque à voyager grâce à ces deux livres qui pulvérisent à la fois les frontières et les clichés.
ENFANCE AFRICAINE
Gabriel, 10 ans, vit au Burundi entre un père français et une mère rwandaise. Quand la guerre éclate en 1994 dans son pays voisin, cette dernière part à la recherche des membres disparus de sa famille. Le petit garçon insouciant voit peu à peu la violence
embraser tous les aspects jusque-là paisibles de son univers. Oscillant entre la fraîcheur désarmante de l’âge tendre et la cruelle décomposition d’une société aux identités tiraillées, ce magnifique premier roman a été adapté au cinéma. Le problème c’est que le film est sorti l’année dernière à la veille du confinement et qu’il faudra sans doute encore attendre pour le voir.
Pourquoi ce n’est pas cliché ? En plus d’être partiellement autobiographique, ce roman restitue sans mièvrerie, ni fausse maturité, tout le sérieux de l’enfance.
Petit pays, Gaël Faye, 224 P., éd. Grasset.
INDIAN PSYCHO
Oubliez les paillettes de Bollywood, les palais fleuris et les romances à dos d’éléphant,
dans l’Inde que décrit ce roman ultra-réaliste et très contemporain, les filles fuguent et portent des jeans tandis que les garçons se droguent ou rêvent de travailler à New-York. Ici pas d’histoire d’amour mais l’engrenage infernal d’une relation entre un homme sans passé et une jeune fille de bonne famille. Écrite par une journaliste indienne, cette fiction à la Houellebecq nous emmène dans les coins les plus secrets et les recoins les plus sordides de New Delhi. Violentes, envoûtantes et parfois macabres, les pages se tournent en nous brûlant les mains.
Pourquoi ce n’est pas cliché ? Parce que le héros n’est pas beau, que l’héroïne s’ennuie et ne porte pas de sari.
Un mauvais garçon, Deepti Kapoor, 201 P., éd. du Seuil.
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